Une tarification compliquée
La SNCF a de longue date pris quelques libertés avec la tarification kilométrique dégressive imposée par l’Etat : une tarification kilométrique sur la base de laquelle sont déterminées les participations de la collectivité au titre des tarifs sociaux. Les justifications n’ont pas manqué ; outre la mise en service des lignes à grande vitesse souvent plus directes pour le même trajet, il y a eu le « faire moderne » des tarifs croissants au fur et à mesure que la date du voyage s’approche, un « yield management » qui n’en est pas tout à fait un dans la mesure où les contingents de places par catégories sont fixes. Cette pratique permet de maximiser les revenus d’une ligne en dépassant allègrement les tarifs de base avec des variations pratiquement du simple au double (Paris Lyon), de + 89 % (Paris Marseille) des prix « loisirs » suivant la date d’achat.
Autres facteurs d’augmentations, les surcharg es pour les « chassé croisés » où il existe de réelles limites de capacité et, comme le souligne la lettre Mobilicités, les court s parcours comme l’emblématique Paris Lille pour lequel quelques aménagements cosmétiques ont été trouvés entre madame la maire et son ancien directeur de cabinet. Dernière invention enfin, les tarifs « pros » qui donnent plus de souplesse dans les réservations au prix des tarifs loisirs de dernière minute.
Connaître les parts de marché des classes tarifaires, déterminer dans la recette globale la part des tarifs bon marchés, le Prem’s, Ouigo qui font oublier les bizarres IDTGV couplés aux TGV normaux, revient à percer un secret commercial. Il n’est pas exclu que les annonces de tarifs pas chers aient, en particulier comme objectif de noyer les conséquences réelles des annonces des hausses auprès des tutelles.
Et ce n’est pas fini
Les hausses des péages ferroviaires en cours, seul moyen pour le fer de limiter son endettement, ne pourront que se traduire par des hausse annuelles moyennes bien supérieures à l’inflation…Comme les tarifs TER sont dans le collimateur des régions à qui on ne la fait plus, il va bien falloir que notre opérateur tire encore un peu plus sur la corde. Avec le danger réel d’une baisse de son taux de remplissage moyen qui n’est déjà pas si brillant, merci le co voiturage et les autocars.
L’avion n’est pas cher !
Oublions les partages de codes entre compagnies aériennes et les TGV, les TGV Air. On est gare de Lyon. Les nouveaux panneaux publicitaires déroulants du hall 2 répètent le même message : l’avion n’est pas cher ! Par la magie des « à partir de », le transporteur national se pose en concurrent du fer.
Quelle merveille, quels effets bénéfiques de la concurrence sur le pouvoir d’achat du voyageur ! Ne soyons pas dupes, les tarifs d’appel, réservés aux achats à long terme et hors périodes spéciales ne sont là que pour être comparés aux « Prem’s ». La réalité des prix de l’avion se situe quand même au-dessus de ces tarifs mais souvent en dessous du prix du train. Etrange cette concurrence entre une compagnie aérienne quasi monopolistique qui perd de l’argent, et une compagnie ferroviaire elle aussi monopolistique qui n’en gagne guère, et qui en perdrait énormément si l’on déconsolidait ses comptes de ceux de ses filiales routières !.