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24 août 2013 6 24 /08 /août /2013 15:08
Ouigo Ouigares ?

Les nouveaux TGV Ouigo sont d’après Guillaume Pepy, cité par Olivier Razemon, journaliste au Monde, destinés  « non aux habitants de la capitale qui disposent déjà d’une offre importante. mais à ceux qui vivent en périphérie". En effet, si la SNCF
a calculé que si  83% des Français avaient déjà pris le TGV au cours de leur vie." seulement 25% montent au moins une fois dans un TGV chaque année".L1070424.jpg

 

Marne la Vallée, deux Ouigo à l'embarquement

 

Le bouquet TGV

Après iDTGV et ses 30 destinations, créé en 2004, indépendant, réintégré en 2005 à la SNCF sous la pression syndicale, après iDNight abandonné en 2011, après les Prems’s, voici Ouigo qui, avec IDBus, cherche à renouveler l’offre de la SNCF. Ce n’est pas une nouvelle filiale de la grande maison qui en compte déjà, au moins, 657 mais une filiale de iDTGV. Grande différence !

.

L’analyse de Stéphane Lauer (Le Monde), semble pertinente, qui voit dans cette nouvelle initiative la recherche par la SNCF d’un nouveau modèle pour ses trafics à longue distance, et en particulier sur l’axe Paris Lyon Méditerranée, la « vache à lait » immémoriale du train en France.

Chaque nouvelle initiative commerciale dans le low cost garde une particularité. Ce sont les ambiances (quoique) pour iDTGV, les services limités aux vacances scolaires et aux weekends pour Prem’s, les nouveaux aménagements et de nouvelles tarifications pour Ouigo.Tandis que les iDTGV ne sont que des rames affectées qui voyagent avec d’autres rames « normales », tandis que Prem’s ne sont qu’une catégorie tarifaire de plus, Ouigo va plus loin avec des rames bleu layette au-dedans comme au dehors, plus de bar, plus de liseuses souvent en panne à réparer, plus de corbeilles aux places, plus de bagages gratuits.  


Et peu de gares desservies, très, très peu de gares centrales.


C’est à une étrange compétition interne à la SNCF que nous assistons.Chaque initiative « low cost », sur le rail comme sur la route (IDbus) propose en effet des tarifs vers 20 € avec des prix d’appel encore inférieurs, des restrictions diverses, dont des remboursements riquiqui en cas de retards, des pratiques tarifaires différentes (un vrai yield management en particulier sur iDTGV) et des « ancillaries» gadgets comme des suppléments étranges pour connaître le quai de départ par SMS, des pénalités si l’on n’a pas imprimé son billet, présenter un billet sur écran suffirait-il ?.

Le mirage du low cost

Cette course des compagnies historiques derrière les  low costs n’est pas nouvelle. Qu’il s’agisse d’Air France avec Hop, de Lufthansa avec GermanWings, de BEA avec Vueling, de la SNCF avec son  bouquet de TGV , c'est toujours d’une recherche de la rentabilité, non pas en diminuant drastiquement les coûts, ce dont les grandes compagnies sont assez peu capables, mais en recherchant de nouvelles recettes. Ils sont incantatoires ces taux de remplissage « canons »  annoncés reposant sur la découverte de gisements inexplorés de clientèle, sur une théorique élasticité de la demande à l’offre.

 

Incantatoire, dans notre Ouigo, cette idée que de nouvelles gares draineront de nouvelles clientèles. Quelques discussions avec les voyageurs montrent que c’est bien plus de transferts de voyageurs des TGV « normaux », trop chers, qu’il s’agit, que de ces déplacements d’impulsion comme les fameux week end à Bruxelles, à Marseille des publicités. On constate aussi que si Marne la Vallée présente l’intérêt d’être sur la diamétrale du RER A, Lyon Saint Exupéry n’est que sur le tram train Rhône Express dont le billet coûte de 11 à 15 Euros, soit l’équivalent d'un ou de la moitié d’un billet Ouigo. Force est de constater que les contingents de voyageurs y sont bien maigres…


Les diminutions de coûts reposent en fait sur plus de rotations des trains, des péages, des accords salariés renégociés, des tolérances techniques accrues (aïe).En dehors des frais de collecte, déjà largement diminués sur l’ensemble de l’entreprise grâce à l’Internet, on ne peut attendre beaucoup d’économies d'exploitation dans la mesure où les gares et leur gestion continuent à peser, dans les comptes, dans la mesure où les syndicats qui deviennent tatillons sur la sécurité veillent aux statuts des personnels et se méfient des externalisations.


Fraude, contrôles et accès aux trains

Il semblerait qu’à côté de ces problèmes structurels de coûts et de recettes, l’un des obstacles  au bon fonctionnement de la formule soit la maîtrise des embarquements. Dans leur conception actuelle (cela évolue) les gares ferroviaires sont des passoires. Pas de filtres voyageurs, de multiples accès à quai, des besoins en personnels considérables pour un contrôle tout relatif des voyageurs montants. Ah les départs des Marseille Aix en Provence, des Marseille Toulon, les cavalcades des groupes qui sautent les voies, sprintent au bout des quais et bernent la Suge !


Dans notre Ouigo, il est demandé de se présenter trente minutes à l’avance, de présenter carte d’identité et billet à un poste de contrôle, comme dans les portions de quais iDTGV, mais dans la gare elle-même. Bref du moderne, presque de l’aérien.

 

L1070430-copie-1.jpgMarne la Vallée, comment passer de l'attente au quai

 

Oui mais les gares ?

Le problème du contingentement-contrôle des voyageurs n’est pas nouveau. La gare du Nord a pu installer une « gare bis » Schengen pour Thalys et Eurostar, Lille Europe a bricolé un espace contingenté, Marne la Vallée des filets autour de ses escaliers. Si un espace d’attente Ouigo y a été aménagé, il est bien insuffisant devant la foule qui respecte l'étrange initiative imposée des trente minutes d’attente. Un TGV moyennement rempli, c’est 400 personnes à entasser pendant une demi-heure sur une cinquantaine de sièges. Si comme cela arrive il faut accueillir les quelques centaines de voyageurs d’un Ouigo annulé la veille (il n’y a pas beaucoup de TGV bleu layette en réserve), c’est à une pagaille noire que nous assistons. Plus aucun contrôle d’accès, pas de contrôle des bagages supposés donner lieu à supplément, snafu !


L’architecture des gares donc. Mais il y a aussi l’illogique superposition des annonces (légèrement contradictoires) du personnel de la gare et des malheureux agents Ouigo avec leurs mégaphones. Aux annonces formatées de la gare s’ajoutent les annonces improvisées, maladroites, répétitives d’un personnel Ouigo visiblement mal préparé. En anglais ? mais non mais non.

 

Dans un prochain épisode, nous vous raconterons les embarquements à Marseille Saint Charles, Montpellier, Valence et autres gares...

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10 mai 2010 1 10 /05 /mai /2010 06:44

B2C business to client     B2G business to government

Les directeurs de rands réseau européens ont l’habitude de devoir leur nomination et leur départ aux plus hauts échelons de la politique ; chéris un jour, un jour rejetés suivant la couleur des gouvernements. Ils ont l’habitude des interventions quand les grèves paralysent l’activité, et savent en général remarquablement manœuvrer entre représentants des personnels et tutelle.

C’est la relation client dans les transports du niveau au dessus. Celle dans laquelle le client est l’Etat. Pas trop loin de chez nous, voici l’exemple des ICE allemands dont l’exploitation est bouleversée par des problèmes de conception, puis d’entretien préventif.

Nos billets traitent chaque semaine de la relation client dans les transports au niveau que nous connaissons tous, celui de l’entreprise et de ses clients. Comme nous le soulignons chaque semaine, les préoccupations des entreprises de transport sont, dans ces domaines, souvent encore éloignées de celles des grands de la distribution, de la vente par correspondance et des services. Bien sur, dans les transports aériens et dans les plus récentes évolutions du transport ferroviaire il y a de nombreuses réalisations remarquables qui montrent l’avenir. L’application des principes de précaution et autres conduites à la mode a donné aux pouvoirs publics le goût de se mêler des affaires des entreprises. La fermeture récente du ciel européen a montré les effets de décisions « de précaution » sur l’économie du transport aérien. Mais qu’en est il du transport ferroviaire ?

Cela a commencé par un déraillement en gare de Cologne le 9 juillet 2008. Il est alors apparu, ce que le consortium industriel devait peut être connaître, que la conception des essieux des ICE 3 (les TGV allemands de Siemens) et des ICE T pendulaires, qui se penchent dans les courbes et passent ainsi plus vite (Alsthom) devait être revue. La sécurité des exploitations exigeait, non seulement le retrait du service de tous les ICE T -67 trains- pour le remplacement immédiat de pièces sur une première série de1872 essieux, ceux des trains pendulaires sont plus sollicités puis le remplacement progressif des essieux sur tous les autres ICE 3. Ajoutez à cela que la fréquence des inspections pour entretien qui nécessite l’immobilisation des rames dans un des « technocentres » de la DB a été multipliée par dix, en compensation diraient certains de trop d’économies faites sur l’entretien à la DB comme d’ailleurs dans le RER berlinois. Le programme de remplacement qui doit durer jusqu’à fin 2011 et dont l’estimation, en coûts directs, était initialement de l’ordre de 100 millions d’euros, est passé à 250 millions en février 2010. Rien d’étonnant à tout cela dit Vatroslav Grubisic, ex vice président du Fraunhofer Institut (le CNRS allemand).
Cela n’est pas nouveau, l’entretien défaillant avait déjà causé l’accident d’Eschedde en 1998 (101 morts) et l’on avait alors déjà constaté (il en est clairement question dans le livre noir des deux journalistes du Stern) que les intervalles des inspections techniques avaient été allongés, les effectifs diminués par économieICE-Achsen-dpa-cy.jpg
Première conséquence, le retrait des trains  pour travaux a supprimé les réserves et transformé l’exploitation du service d’hiver, qui était déjà programmé, en un cauchemar.  « Nous devons continuellement retarder et annuler des trains, cela nous rend malades » disait Völker Kefer le porte parole de l’entreprise.

Depuis, le gouvernement allemand a pris l’affaire en main en demandant que les industriels soient pénalisés financièrement avec l’exploitant au besoin par une modification du règlement des chemins de fer. Perte d’exploitation donc et dégradation de l’image pour les chemins de fer allemands qui avaient été jusqu’à envisager –horreur- de louer à la SNCF quelques TGV pour boucher les trous de leurs programmes d’exploitation, responsabilisation et pénalisations financières pour les industriels.

Quelles conclusions pour la relation client transport ?

1°/ l’interventionnisme accru des tutelles qui demandent des économies d’exploitation tout en s’érigeant en défenseurs de la sécurité et de la continuité des exploitations. Ce faisant les gouvernements font du respect du client une affaire d’état. Bien sûr, la démagogie n’est pas loin, mais elle vient cette fois au secours des usagers.

2°/ l’impossibilité pour les grands opérateurs du transport, qu’ils soient ferroviaires, aériens bientôt routiers, de s’affranchir des injonctions des gouvernements qui prennent de plus en plus souvent en compte les conséquences économiques des dysfonctionnements,

3)/ l’impasse dans laquelle se trouvent les grands opérateurs qui vivent dans le court terme et vont devoir jongler « à s’en rendre malades, dirait la DB » entre les fermetures pour remises en état des sections les plus usées des voies des TGV, les suppressions de trains et les interventions sur les rames vieillissantes. Il faut prévoir de rendre des comptes à l’opinion quand il deviendra évident que les programmes d’entretien auraient dû être plus sérieux, quand les constructeurs, enfin, seront obligés par la loi de tenir leurs engagements.

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10 mars 2010 3 10 /03 /mars /2010 15:29

 

Baignant dans une pourpre fuchsia  également dénommé « Christian Lacroix », voici le beau site de la SNCF « Opinions et débats ». 

 

C’est une innovation de 2008, lancée à titre expérimental et provisoire (pour deux mois à l’époque) au même titre que les extraits de livres à écouter sur le site SNCF.com et accessoirement les réservations de trains, séjours, avions. Elle a été lancée par la SNCF pour tester un moyen d’exister face aux nombreux vecteurs sociaux du Web alimentés par, au moins, 10 000 associations et groupes qui essaiment elles même en de multiples sites groupes de fans et forums divers. Et ce n’est rien par comparaison avec les pays anglo saxons, l’Allemagne, la Suisse…plaignons les grands directeurs des réseaux historiques !

 

Ecoutons son créateur, Patrick Ropert, directeur de la communication digitale et interne de la SNCF  qui en parle à Laurence Girard et Yves Mamou dans un article sur les déboires d’Eurostar (le Monde édition du 25.12.09) « La SNCF a créé sa propre plate-forme Internet "Opinions et débat" : Pour que la discussion ne se fasse plus en dehors de chez nous", Ce site a  maintenant 19 000 inscrits, et 2 500 à 4 000 interventions chaque jour..


Il est évident que l’existence d’un site « corporate » destiné à accueillir les questions des usagers est une avancée considérable pour maîtriser, ou tenter de maîtriser, le quotidien des demandes d’informations d’une entreprise qui a affaire à plusieurs millions de clients chaque jour, des trains de banlieue parisiens aux TGV, sans parler des Eurostars, Thalys et autres sources de désagréments. Il s’agissait, comme l’explique Publicis Conseil dans une étude de cas  de ne pas se disperser dans les réponses aux multiples forums blogs et liens, tout comme de canaliser quelque peu la communication.


Les nouveautés


Première nouveauté, les réponses aux questions sont sollicitées auprès des personnels volontaires de l’entreprise. Ceci est certes souvent le cas, mais dans une entreprise aussi hiérarchisée qu’est la SNCF, c’est quand même un exploit.


Autre nouveauté, le « Diggs » qui permettent aux visiteurs par un clic d’appuyer ou de refuser une demande, et une règle interne de modération qui déclenche les réponses, non seulement sur le forum, mais aussi, directement, aux « diggers » enregistrés. Une forme de démocratie en somme.


Qu’en est il, deux ans après, des idées de départ ?


Si on analyse les 11 000 questions disponibles (elles sont archivées quand il n’y a plus de commentaires) et les quelque 220 000 diggs correspondants, on aboutit à un petit florilège que nous n’hésitons pas à « camenbériser » ci dessous. Il en résulte que les 87% des questions qui ne portent pas sur les grèves (3%) tests d’embauche et cartes familles nombreuse (la nouveauté du jour, 4%) ont pour objet les incohérences des réservations et des informations du site Internet SNCF.com, puis, dans l'ordre, la restauration, l’utilité même du site, les problèmes de Transilien, les vélos dans les trains (un groupe de pression semble bien organisé), des doutes sur le modérateur. En queue arrive le bureau des plaintes avec un petit 4%.

 

Debats-SNCF.com-copie-1.jpg

 

Un peu plus loin dans la découverte du site.

 

Les commentaires des personnels de l’entreprise (qui affichent aussi leurs photos et un résumé de CV) donnent bien souvent une impression de conformisme, de répétition et même de lassitude. Ce sont en effet toujours les mêmes questions sur les difficultés d’usage du site, les innombrables catégories tarifaires et leurs non moins nombreuses conditions d’usage, puis les commentaires sur les grèves, fumeurs, retards, annulations de trains et toutes les catastrophes de la vie quotidienne qui en découlent.

 

Par bonheur, cette relative atonie est contrebalancée par la multiplication des interventions des « grands frères ». Comme les habitués, pivots des forums du Net, ces internautes disponibles répondent, conseillent et modèrent à leur façon sur les sujets de leur connaissance. C’est animé, intéressant et souvent efficace. Comme le dit le bandeau du site « Nos porte-parole répondent aux questions que vous plébiscitez. Et pour toutes les autres, vous pouvez compter sur la communauté Opinions & Débats ! »

 

Nous sommes bien d’accord sur les réelles insuffisances de SNCF.com et Voyages SNCF.com qui fonctionnent souvent mal, égarent les clients et peuvent être déroutants (nous préférons pour les itinéraires, les infos des sites de la DB et des CFF). Mais quand on connait le « SNCF bashing » qui règne ailleurs sur le Net, il est quand même bien étrange de voir la restauration dans les TGV passer avant les réclamations et autres plaintes sur le fonctionnement de l’entreprise. Et l’on ne nous enlèvera pas de l’idée que, outre l’élimination des injures, le modérateur a peut être aussi les ciseaux faciles face à des questions irritantes, à des vagues de mécontentement.

 

Quelles leçons pour la Relation Client Transport?

 

1°/ Cette action de type « Web 2 » est courageuse, aussi bien par son existence même dans une entreprise de cette taille que par l’implication (un peu mais c’est déjà beaucoup) des personnels compétents. Elle est courageuse par sa durée même et répond bien aux idées de Patrick Mercier  exposées dans son ouvrage « La stratégie du courage » récemment interviewé par Thierry Spencer. Dans les activités du transport de personne, qui seront de plus en plus souvent confrontées à des pertes  financières et, nécessairement, à des réductions de services, hausses tarifaires, licenciements, c’est une attitude qui compte pour l’avenir. Elle crée un cadre de relations basé sur la franchise qui rendrea crédibles des annonces difficiles quand cela sera nécessaire.

 

2°/ Ce site est relativement « passif » dans la mesure où il activé par les demandes des visiteurs. Il contraste avec les sites de crise, orientés vers la presse, les réseaux sociaux, le grand public. Même si son contenu et, très vraisemblablement, le filtrage des questions ne sont pas dénués d’intentions, il n’a pas le caractère invasif, propagandiste, des averses de printemps que sont les actions d’information « top down » de la communications d’entreprise après les catastrophes. Et cela est bien par les temps qui courent !

 

3°/ Ce site met en valeur, que cela ait été prévu ou non (nous aurons tendance à en douter) le rôle de ceux que nous appellerons les diacres, les « relais » dans notre ouvrage  Ces internautes qui  interviennent, expliquent, critiquent aussi un peu, mais surtout donnent de la chair à l’entreprise et gomment la rigidité de la communication institutionnelle même quand celle-ci est voulue web 2, simple, lisible, et proche de l’usager.

 

4°/Les diacres. Qu’il s’agisse du quotidien ou des actions de crise, les entreprises ont tout intérêt à relayer leur communication par la cohorte de ces relais, de ces compagnons que par analogie avec l’organisation sacerdotale nous appellerons les diacres. Suffisamment compétents pour guider et répondre aux questions, suffisamment disponibles, bénévoles, ils prennent le relais de l’institution et contribuent, par la diversité de leurs points de vue et leurs critiques à crédibiliser le site et à lui donner la vérité des services vécus par leurs utilisateurs.

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20 février 2010 6 20 /02 /février /2010 17:08


TGV-en-retard-gare-de-Lyon-excuses-Cright.jpg


Petit exercice de mémoire. Reportons nous à un rapport remis par G. Pepy, président de la SNCF au secrétaire d’Etat aux Transports, Dominique Bussereau. Il s’agit du sort des 640 passagers d'un Eurostar Londres-Paris qui ont mis douze heures (au lieu de deux heures et quart), pour relier les deux capitales. Il s'est agi assurait M. Pepy d’un "incident très grave", "extrêmement spectaculaire" mais "rarissime".

 

La chaîne des (im)probabilités ?


Les rames TGV sont en route pours Londres en cette fin d’après midi. Peu avant Lille, le  conducteur est alerté par un voyant lumineux signalant une panne informatique.

 

1°/ Cette alerte interdit au train de s’engager dans le tunnel sous la Manche

 

2°/ Arrêt à Lille, donc et, routine, double transbordement des passagers ; les Londres montent dans un train qui arrive de Londres et y repart, les Paris venant de Londres montent dans nos rames qui repartent  vers Paris. La nuit tombe.

 

3°/ "Le train n'aurait jamais dû repartir" ."Le conducteur n’avait pas suivi jusqu’au bout le processus du guide de dépannage » dit le président. Mais il y a une autre version de la parole officielle

 

4°/ Le train tombe définitivement en panne vers 1 h du matin dans la campagne picarde, laissant peu à peu les passagers sans électricité, sans sonorisation, sans climatisation.

 

5°/ Deux locomotives de secours étaient prévues

 

6°/ Mais elles ont été classées " hors service par la SNCF. A tort. Elle ne sont pas disponibles.

 

7°/ Pas de conducteur de réserve non plus, pour différentes raisons, dont le fait « qu’il n'y a pas de conducteur Eurostar de réserve la nuit »

 

8°/ Une motrice de secours quitte finalement Paris vers 3H00 du matin, elle part au devant des passagers  bloqués dans la nuit,

 

9°/  Une fois sur place, nouveau problème, en raison d'un "manque de pratique évidente" des agents pour cette opération qui "survient extrêmement rarement", selon Jacques Damas directeur des opérations de la SNCF, l’attelage de la motrice de secours prend du temps.

 

 

C’était il y a presque deux ans le weekend end du 19 avril 2008

 

Parmi les promesses faites alors, nous avons noté qu’un "effort de formation" serait fait auprès des agents Eurostar, pour déceler les pannes ou pour atteler les rames. Egalement, que les engins de secours seraient disponibles "à 100%" et que davantage d’investissements seraient faits les matériels.

 

Qu’en est il pour ce qui concerne la relation client de cette chaîne d’erreurs et d’insuffisances, de rapports d’experts et des promesses solennelles ? Deux conséquences :

 

 

-           La dégradation des relations dans l’entreprise. Loin de nous d’épiloguer sur les relations humaines à la SNCF, -on ne tire pas sur les ambulances disait Françoise Giroud-, mais regardons le mal fait en interne par ces termes : « le conducteur n’aurait pas suivi la procédure jusqu’au bout ». Outre le fait que ce point est contesté par la suite « Et de préciser, cité par Backchich info: « Si l’analyse de la panne avait été réalisée à bord du train (c’est-à-dire par le conducteur), il aurait été décidé d’acheminer depuis Paris une nouvelle rame ». C’est la généralisation du « c’est la faute au pilote » qui clôt bien souvent les enquêtes sur les catastrophes aériennes.

 

Nous répétons que la relation client se construit d’abord en interne. Et qu’elle ne se construit pas sur un marché de dupes, sur des contrevérités assénées et sur une phraséologie de circonstance, qu’elle ne se construit pas sur la défiance du management vis-à-vis des exécutants, eux même souvent en contact avec les clients. Elle se construit sur la confiance,  sur une reconnaissance mutuelle du rôle de chacun dans l’entreprise et sur une la sincérité dans le traitement des problèmes. Bien sur avec Marc « Eurotunnel » Fressoz interviewé par Julie Schneider en 2008, nous ne doutons pas que le président Pepy «a le charisme pour mener ses deux combats et connaît très bien l'entreprise », mais que de mauvaises habitudes, que d’erreurs lourdes de conséquences..et combien, sans doute, de temps de clients et de confiance vont être perdus dans les années qui viennent.

 

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15 février 2010 1 15 /02 /février /2010 18:07

L1030538

 

Les propriétaires de Toyota ont pu pendant longtemps se livrer à toutes sortes de facéties en jouant avec les lettres du slogan collé sur leur vitre arrière. My Toyota is Fantastic comportait des sons aussi intéressants que « toy », « fan » et «stic » sans oublier les o transformés en u… et l’on a pu en voir des taxis collectifs « Hiace » ainsi transformés dont les conducteurs faisant assaut d’imagination, ont sillonné, trompe la mort, les faubourgs de Manille, de Bangkok ou d’ailleurs…

 

Toutes proportions gardées, il en est un peu de même des distributeurs de billets subrepticement transformés comme le montrent ces photos faites gare de Lyon à Paris. Qu’ils soient jaunes, bleus ou en livrée Lacroix (les variations en fuschia) ils ornent les halls des grandes gares, les quais des petites haltes. Ils sont près de 60 toutes catégories confondues (ventes Grandes Lignes, échanges TGV, TER) pour le 30 millions de voyageurs annuels à Lyon Part Dieu, sûrement plus de 1 000 sur l’ensemble du réseau et délivrent et échangent un bonne part des billets (laquelle ?, impossible à savoir) du milliard de voyageurs annuel. Leur ergonomie a fait des progrès, la sécurité de leur fonctionnement aussi et la troisième génération des distributeurs Grandes Lignes –qui rebute encore un voyageur novice sur dix -, arrive à délivrer un billet en moins d’une minute.

 

My management is terrific

 

Problème : ces distributeurs affichent les trains sans les tarifs Quelques indications sibyllines sur les « périodes » censées traduire les variations de prix. Or celle-ci vont maintenant de 1 à 2 suivant les principes du Yield management tel qu’il conçu dans la grande maison. Pour augmenter les recettes et remplir ses trains, la SNCF a en effet adopté fin 2007 le principe du contingentement des places ou du Yield http://fr.wikipedia.org/wiki/Yield_management

 management qui permet, par une modulation des tarifs, d’orienter la demande vers les capacités disponibles. Des lots de sièges, (dans les avions il y a une vingtaine de catégories), sont distribués par tarifs et par train. Au fil des réservations ils sont réajustés en volumes et en tarifs suivant la demande, ce qui permet de modifier les compositions et les capacités des TGV en en réduisant, en en doublant ou en créant (les IDTGV en particulier). Autre intérêt de ces ventes anticipées : elles génèrent de la trésorerie, puisque les trains sont financés par les clients, souvent plusieurs mois à l’avance.  Cette « innovation » tarifaire se révèle être comme le regrettent clairement Jean Sivardière et la FNAUT (Fédération nationale des Associations d’Usagers des Transports), ministre et députés, http://www.fnaut.asso.fr/index.php/toute-actualite/40-dossiers-debats/138-commercialisation-du-tgv-information-et-tarification.html

 « une tarification incomplète, obscure et cloisonnée par catégories de trains et par lignes, ». L’infortuné candidat au voyage devant un de ces distributeurs n’a plus aucune idée du prix du billet qu’il entend commander. Pire, il ne peut optimiser son choix par des propositions comparatives. Un des objectifs de cette opacité, qui a été largement dénoncé par les spécialistes http://www.capital.fr/enquetes/economie/le-casse-tete-du-yield-management-version-sncf-428257 , est pour la SNCF de faire comme les compagnies aériennes et d’augmenter la recette moyenne par voyageur en majorant les tarifs les plus attractifs sans augmenter officiellement les tarifs. Il semblerait cependant qu’il n’en soit pas tout à fait le cas, et que les arbitrages entre recettes et remplissage restent à faire.

And my clients are erratic

 

Autre problème. Si la totalité des ventes par Internet (promis par Guillaume Pepy, http://www.lesechos.fr/management/carre-vip/300264438.htm

Président de la SNCF, interviewé par Les Echos) intègreront un comparateur de prix d’ici mars (1) 2010, qu va-t-il en être de nos distributeurs ?. Après les malheurs de Socrate, comment va s’y prendre la SNCF pour donner aux clients des distributeurs un minimum d’information sur les tarifs qu’elle compte leur imposer ? Il y va de la qualité et de la transparence de ses relations avec la clientèle..

(1)oups L’échéance est en fait mai 2010 Guillaume Pépy à «Capital » http://www.m6replay.fr/#/info/capital/8382

dimanche 14 février au soir. Comme première analyse, l’excellent site « le meilleur du Low Cost » http://lemeilleurdulowcost.fr/2010/02/retour-sur-le-reportage-tgv-de-capital-sur-m6-du-14-fevrier-2010/

 

Yield management Air france

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L'auteur

  • Michel Gallet
  • Consultant en transports collectifs de personnes dans un cabinet de conseil spécialisé en services publics de transport aériens routiers, ferroviaires et maritimes.


Un livre "la relation client dans les entreprises de transport" et une métho
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