Les principes de « proud of » Identifier les clients Former les personnels En définissant des standards Valoriser l’entreprise en interne Valoriser l’entreprise auprès des clients Valoriser les clients auprès de l’entreprise |
Le transport est, à la différence des autres entreprises de service, soumis en permanence à des risques majeurs. Nous n’imaginons qu’exceptionnellement une panne généralisée –ascenseurs, éclairages- dans un hôtel de luxe. C’est comparativement ce qui arrive tous les jours dans les avion ou les trains. Nous n’imaginons pas un directeur d’hôtel coupé du monde face à ses clients. C’est pourtant ce qui arrive aux personnels navigants, au contrôleur du train, au chauffeur du car, quand tout va mal. Nous n’imaginons pas ce même directeur d’hôtel face à plus d’une cinquantaine d’hôtes anxieux. C’est une petite poignée de personnels, souvent jeunes et juste formés qui doit faire avec l’angoisse et le stress de plus de 300 personnes. Le premier principe de « proud of » est dicté par la difficulté de la tâche et l’importance, pour que le service client soit honnêtement bien fait, de valoriser l’entreprise auprès de l’entreprise, que le personnel soit fier de son entreprise, puis, enfin de valoriser les clients auprès de l’entreprise.
Les clients : définir les standards
Les axes de la relation client sont à peu près les mêmes, qu’il s’agisse des centres d’appel, des services au sol ou du transport proprement dit. On peut retenir les éléments de comportement comme la courtoisie et la chaleur de l’accueil, la tenue, le niveau de compétence, la qualité de l’information délivrée, l’environnement.
Le niveau de compétence se définit par le jeu du voyageur désorienté, la qualité de l’information n’implique pas automatiquement que les interlocuteurs soient au courant de tout ce qui concerne le réseau, mais qu’ils sachent qui interroger et vers qui orienter le demandeur. L’environnement concerne les mille détails dont l’absence font du voyage un vécu désagréable, de la propreté des véhicules à l’audition des annonces.
Qui sont ils ?
Lors de la première approche, lors de l’immersion dans les entreprises, définissons les clients en approchant les « idéaltypes » chers à nos sociologues. Quelles sont les raisons et les contraintes des déplacements, quelles fréquences et quelles prévisibilités. Cette partie de Proud of s’adresse aux voyageurs fréquents, mais aussi aux clients qui voyagent peu, à ceux qui ne voyagent pas vraiment à ceux qui se renseignent. Cette identification se fait à partir des fichiers voyageurs, des contacts Internet et des relevés des centres d’appels. A ce stade de la reconnaissance se dessinent les principaux segments de la demande. Ils seront exploités par les méthodes du marketing direct quand il sera question de modifier et d’étendre les services.
Les discrets
Calmes et réservés, résignés ? Ils ne disent rien et constituent le gros des passagers. Sait on assez que même âgés, effacés, ils sont dans leur petit cercle de bons vecteurs de l’image de l’entreprise. A l’inverse, leur pouvoir de dénigrement est considérable. Ils ont tant de temps pour relater leurs expériences ! .Leur adhésion passe par de petites attentions ; d’anniversaires en mailings ciblés, les sociétés de vente par correspondance ont montré le chemin avent l’Internet. Ces clients qui constituent souvent le « fond de cale », la grande part des fréquentations doivent être identifiés, sollicités par toutes sortes d’attentions, remerciés avec chaleur. Dans la pratique des formations : aller au devant, mettre en confiance, adapter discours et produits.
Les énervés
Bien différents ceux là, ils sont de la catégorie pressée qui voyage pour affaires. Ce sont ceux que les personnels ont le plus à subir. Ils voyagent en affaires ou en première, font une part du chiffre d’affaires et l’essentiel de la marge. Paradoxalement, ils ont souvent deux comportements. En colère : le grain de sable – un retard, une correspondance problématique- contrarie leur voyage et les mets dans un état de stress communicatif. Compréhensifs ; ils savent par leur pratique que voyager est synonyme d’aventure. Un personnel commercial ou navigant leur communique quelques explications, ils se calment et, comme le dit Nicolas Bouvier, finissent par regarder leur ombre grandir. Ces clients là souvent à haute contribution doivent être reçus nominativement, écoutés avec attention, informés avec soin. Dans la pratique des formations, identifier et nommer, reformuler les demandes, -rien n’est plus gratifiant que d’entendre ses propres propos repris avec déférence- et informer. Sans oublier la gestion d’un stress qui va quelquefois jusqu’au malaise, et la pratique de l’écoute. Mais que faire quand l’information venue d’ailleurs, l’encombrement d’un aéroport, un accident, une alerte, est absente ou incomplète. Certains cheminots se sont vus conseiller d’annoncer d’abord une mauvaise nouvelle de circonstance : « nous sommes arrêtés en pleine voie, notre retard est évalué à une heure », pour corriger un quart d’heure plus tard « ici votre chef de bord nous avons le plaisir de vous annoncer que nous repartons dans quelques minutes ».
Les non clients
Nous sommes ici dans le domaine du management de la relation client, du CRM, et du marketing pur. Identifier et localiser les clients potentiels, prévoir leurs besoins, adapter les lignes, les produits, vendre, convaincre et fidéliser.
L’entreprise : le service dans sa culture
On est d’accord, la clientèle constitue l’objectif premier de la relation client. Elle participe d’une adhésion aux valeurs que l’entreprise a su inculquer au fil des ans. La fidélité d’une famille, de père en fils au fil des ans à une marque de voiture, la réputation de sérieux d’une marque de produits alimentaires constituent des actifs, immatériels, comptabilisés comme tels dans les bilans. Mais dans l’entreprise ?, ici ces valeurs constituent la culture d’entreprise. Ce sont souvent des valeurs semblables à son image extérieure, qui sont renforcées par des références aux fondateurs, à des procédures particulières « on a toujours fait comme cela », transmises de poste en poste.
La considération pour les personnels en contact clientèle
Les postes sont en « front office », ce sont les personnels des guichets dont la fonction et de gérer à longueur de journée des files de clients actuels ou potentiels, les agents des centres d’appel.. Mais ce sont aussi les personnels techniques qui font tourner la machine et qui sont, autre particularité du transport, en contact permanent avec la clientèle. Ce sont les conducteurs qui « reçoivent » les usagers à l’avant du car ou de l’autobus, les contrôleurs qui ont souvent la peur au ventre quand ils doivent, souvent seuls, contrôler un train de banlieue. Ce sont les personnels navigants dont on n’ose envisager le niveau de responsabilité quand, jeunes et disponibles, ils considèrent comme normal d’être là au cas où. Aux tâches techniques, assurer la conduite, contrôler, assurer l’hôtellerie, s’ajoutent du relationnel qui doit être à l’image de la qualité que l’entreprise entend donner à son image. Ces personnels ont une responsabilité écrasante, ils doivent être au centre des attentions de l’entreprise, ont doit être à leur écoute, les distinguer, les mettre en valeur et créer dans leurs groupes un esprit d’entreprise, base de cette fameuse culture parce que partagé au quotidien avec les clients. Les personnels anciens ont une expérience utile. Nous proposons de la valoriser en créant des couples avec les nouveaux arrivés. L’ancien devient le « mentor » d’un jeune « protégé » sur lequel il veille.
L’encadrement
Les cadres intermédiaires doivent transmettre et veiller à la réalisation des objectifs des échelons supérieurs et de la politique d groupe. Ils ont également à affronter au jour le jour les « productifs », leurs services, roulements, petites préférences, leurs coups de blues à la suite d’agressions. Nous proposons de veiller avec eux au retour de l’information issue du terrain grâce aux immersions, actions mystère et de formaliser avec eux les tableaux de bord correspondants. Ce n’est pas si simple. De même que les personnels en contact clientèle ont des comportements très marqués par leur territoire de référence,-chaque réseau a ses sub cultures d’escale, de dépôt ou d’ancienne généalogie (les anciens d’Air Inter à Air France)-, les cadres ont souvent des « baronnies ». Si la lutte permanente contre ces baronnies, leur tendances à la rétention des informations et leurs murailles de Chine sont du ressort du top management, nous organisons le traitement des retours d’expérience suivant les échelons hiérarchiques. La mise en ordre et le traitement des informations du terrain : les actions mystère, les réclamations, les opinions des clients potentiels et autres se font à ces niveaux intermédiaires. Nous définissons les alertes et leurs traitements, nous préparons les schémas de crise et la distribution des rôles en cas de mouvements sociaux. Nous accordons également une grande importance aux missions transversales à la mise en commun des compétences autres que strictement dans les définitions de postes, au partage des fiertés d’autres savoirs à l’intérieur et à l’extérieur de l’entreprise.
Le top management
Classiquement, le top management est local, pris entre marteau et enclume. Il doit transmettre et « impulser » les directives du groupe à l’entreprise tout en étant suffisamment au fait de son fonctionnement quotidien pour ne pas s’exposer à des revendications, des grèves. .Il doit veiller aux objectifs du groupe, mais aussi aux objectifs contractuel vis-à-vis des collectivités qui l’on mandaté. Et là apparaissent les éléments d’une autre culture, celle des marchés publics, de la concurrence organisée et des échéances électorales. Nous lui donnons la photographie de l’image de l’entreprise, à l’intérieur comme à l’extérieur. Par les tableaux de bord et les alertes nous lui indiquons ce qui va poser problème dans la relation de l’entreprise aux clients actuels, clients potentiels et aux personnels. Par le traitement des cas critiques, nous l’assistons dans sa gestion quotidienne. Par le retour général de notre expérience, nous faisons avec lui le bilan des valeurs, de la culture de l’entreprise.