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1 novembre 2015 7 01 /11 /novembre /2015 17:27
Un autocar... 200 000 kilomètres parcourus en 8 mois

Un autocar... 200 000 kilomètres parcourus en 8 mois

Paris Lyon en autocar, douanes, coupures et amplitudes

Paris-Lyon en autocar ?

Avant le 6 août 2015, les lignes d’autocar internationales n’avaient pas le droit de transporter beaucoup de clients entre villes françaises. A quelques exceptions près, elles passaient à côté de la clientèle franco française !

Emmanuel Macron a voulu changer tout cela en autorisant de vraies lignes interurbaines au-delà de 100 kilomètres, ce qui a entraîné l’arrivée de nouveaux opérateurs, aux côtés des filiales de la SNCF et des grands groupes français de transport.

Quels nouveaux opérateurs ?

Des allemands, des anglais, déjà rompus au transport à longue distance, à ses réussites et à ses échecs dans leurs pays d’origine. Comme ils disposent d ‘importantes ressources financières, ils ont choisi de prendre des parts de marché avec une politique commerciale agressive avec des tarifs très bas.

Ils sont de deux types, les opérateurs qui font travailler les grands transporteurs régionaux, ils peuvent d’ailleurs être eux-mêmes des groupements de transporteurs, et ceux qui ont leurs propres cars, leurs propres chauffeurs.

Et tu as choisi ?

Megabus bien sûr, un géant (40 millions de voyages par an annoncés), c’est une compagnie écossaise avec des filiales aux Etats Unis et au Canada. Elle m’a vendu un Paris Lyon à 10 €, mais j’aurai aussi pu acheter un billet à 3 € en soirée. Je suis donc parti le 27 octobre à 16 h de Paris Bercy, la gare des autocars.

Le départ ?

A l’heure, impeccable, la grande nef de la gare des autocars de Bercy est vide, quelques départs Mégabus vers Lille, Milan par Lyon et Turin, mon car pour Lyon.

Je m’installe dans le car, pas de contrôle.

Comme à la SNCF ?

Oui, comme souvent à la SNCF, aucun contrôle, ni avant ni pendant le voyage. Les retardataires japonais ramassés sur le trottoir après le départ ont quand même dû montrer leurs numéros de réservation, à cause du risque de confusion avec le Lille qui part à la même heure !

Du monde ?

39 passagers pour 50 places, des étudiants, des familles avec d’énormes bagages, des enfants, deux bébés.

Le conducteur ?

Ce n’est pas le conducteur prévu, il fait un remplacement, après un Lille le matin, une relève est prévue à la Ferté (Chalon-sur -Saône) car il sera « en butée » de son temps de conduite. Comme il n’a jamais fait ce service, le chef d’escale le guide par téléphone entre la gare et le périphérique. Il a mis le haut-parleur, tout le monde profite de leur dialogue.

Nemours ?

Jusqu’à Nemours tout se passe bien. Mais une patrouille des douanes nous dépasse et nous guide vers une aire d’arrêt. Arrêt du car, ouverture des portes « quelqu’un a- t-il plus de 10 000 € en liquide ?, éclat de rire général. Un jeune qui tripote son smartphone est suspecté de filmer la fonctionnaire qui lui demande –très colère- de supprimer immédiatement l’enregistrement. Le chien douanier va dans la soute. Pendant une demi-heure douanière et douaniers apportent dans le car des bagages à reconnaître. Vérification des papiers du conducteur et du car, c’est fini.

On repart, mais, les douaniers n’ont pas donné de récépissé de leur visite.

Dans la ueur des phares des douanes, deuxième inspection des passagers et des bagages

Dans la ueur des phares des douanes, deuxième inspection des passagers et des bagages

Et vers Tonnerre ?

La nuit est tombée, atmosphère de série américaine : une voiture des douanes avec un panneau lumineux « suivez-moi » et des flashes se place devant nous, ralentit, nous oblige à un nouvel arrêt sur une aire de service. A la lueur des phares, c’est le grand jeu. Tous les passagers doivent s’aligner sur le bitume derrière les bagages, deux files étranges, silencieuses, en majorité des étrangers qui ne comprennent guère ce qui arrive. Quatre douaniers armés parcourent l’alignement dans la lumière des phares de la voiture de service. Arrive la douanière et le chien. Longue recherche dans les bagages. Un étudiant chinois se fait interroger. Aux questions en pseudo anglais du douanier, il préfère répondre en son français balbutiant. Ah, une prise ? Un malheureux jeune homme doit déballer sa valise, retourner ses poches, s’expliquer. Sera-t-il retenu ? Finalement non. Une heure et quinze minutes à attendre, recontrôle des papiers du conducteur, le chef signe un papier et s’étonne que le car ait déjà été contrôlé sans récépissé. « Cela doit être les collègues de la région parisienne conclut-il avec son accent bourguignon.

La coupure ?

Le car qui roule depuis le matin s’arrête pour un plein, plus de 300 litres, et ne va guère plus loin. Nous sommes vers Beaune, garés au milieu des poids lourds et le conducteur annonce un arrêt de dix minutes. Il râle. Approchons nous. Il a conduit 8 heures et doit s’arrêter 45 minutes, il n’a pas osé l’annoncer aux passagers qui s’agitent. Il faut faire avec. Au bout de 46 minutes (pour être sûr que l’ordinateur enregistre le bon temps), on repart.

Il va conduire encore ?

Oui, une petite demi - heure avant d’arriver à l’aire de la Ferté, près de Chalon, où un conducteur de relève doit nous attendre. Nous nous arrêtons donc au milieu des poids lourds installés pour la nuit, il pleut. Le conducteur de relève qui doit venir en voiture n’est pas là.

Encore une attente !

Explication : le rendez-vous avec la relève était prévu vers 20 heures, nous avons cumulé au moins deux heures de retard…le conducteur de relève qui devait faire un petit Chalon Lyon a « éclaté l’amplitude », épuisé les quelques heures d’amplitude qui lui restaient. Personne pour le remplacer ?

Et c’est le Barcelone qui trinque

Attente, téléphones, attente. Trois quarts d’heure avant que se manifeste le releveur. Notre conducteur s’éclipse, il repart à Lille demain matin. Nous filons sur Lyon sous une pluie battante. J’ai l’explication : notre nouveau conducteur a été envoyé depuis le dépôt de Belleville alors qu’il partait faire un Lyon Barcelone. Par qui a-t-il été remplacé ? Je ne sais pas. Nous arrivons à Lyon après minuit au moment où le fameux Barcelone prend le départ. A chacun de se débrouiller.

Il est minuit passé, gare de Lyon Part Dieu la Villette

Il est minuit passé, gare de Lyon Part Dieu la Villette

Et au final ?

Près de neuf heures de route et d’arrêts divers dans un car confortable et une bonne humeur générale. Finalement, c’est à peu près ce qui arrive quand un TGV s’offre une panne caténaire ou un « accident de personne ». Pourquoi se plaindre ? Peut-être l’organisation bouts de ficelles de ces nouveaux exploitants serait-elle perfectible ?

Et les cars Macron ont encore de progrès à faire

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4 janvier 2015 7 04 /01 /janvier /2015 09:53
C. Spiegel

C. Spiegel

C’est une histoire de géographie, de densités urbaines. C’est aussi une histoire de politique, de métropolisation des aires urbaines. La géographie : Nos villes ‘étendent en des zones suburbaines à faibles densités avec ça et là de petits noyaux urbains, des zones d’activité (on dit des zones artisanales et des centres commerciaux. Desservir ces secteurs par les seuls transports scolaires (deux services par jour) coûte déjà horriblement cher. Le faire par les transports collectifs traditionnels est une gageure, par les TAD, les transports à la demande une affaire de déficits supplémentaires pour un service bien maigre.

La géographie urbaine, des rendements décroissants.

La politique : Les aires urbaines tendent à faire correspondre limites territoriales (et zones de taxation) avec les frontières d’agglomération. C’est un jeu politique de recherche d’une taille idéale, de suppression des effets de seuils sur les charges des entreprises (au-delà des limites territoriales pas de versement transport, toutes autres taxes au niveau des communes rurales). Prendre d’une main, donner de l’autre, il faut bien que les autorités de transports investies de nouvelles responsabilité offrent, donner de l’autre, un niveau de transport décent aux administré nouveaux.

La politique urbaine, de nouvelles exigences de service public.

Les transports collectifs organisés dans ces contextes fonctionnent à rendement- décroissant. Pour un axe lourd bien exploité, « rentable » suivant les taux de recettes sur dépenses couramment admis, combien de services qui roulent à vide dans des secteurs perdus, combien de zones de transport à la demande dans lesquelles le prix du billet ne couvre au mieux que le dixième du coût total !

Pas de mystère, si dans une agglomération moyenne en zone urbaine, le nombre des places vides dans les voitures en circulation équivaut à celles disponibles dans les bus, les trams les métros. Elles leur sont dix fois supérieures dans les zones périurbaines !

Le e.transport, le co voiturage, l’auto partage.

Si dans les centres urbains les transports collectifs gagnent des clients et fonctionnent à peu près à rendements croissants, grâce à la politique de la ville, à la massification des flux, au contrôle des stationnements et à des tarifs bas. Il en va tout autrement en périphérie.

Dans ces secteurs les opérateurs de transport et les élus raisonnent « transports collectifs » et cherchent à compléter leurs réseaux. Ils le font d’abord appel à des transports à la demande peu efficaces face à la multiplicité et à la dispersion des besoins, dans le temps comme dans l’espace. Ces méthodes montrent leurs limites, et les appels aux solutions individuelles se multiplient, qu’il s’agisse des taxis collectifs, des co voiturages ou des deux roues. Elles sont complétées depuis des années par des actions d’information, des unions tarifaires et des aménagements d’infrastructures : les pôles multi modaux. Un avantage, les collectivités et leurs opérateurs apprennent la relation client, la gestion de tarifications combinées et les principes de mise en œuvre du fameux transport « seamless »des Anglos Saxons par la maîtrise de la billettique et de l’information, si ce n’est par la maîtrise de l’offre.

Ces efforts ont des limites : celles des coûts. En ressources, les taxes sur les salaires, le Versement Transport sont presque partout à leur maximum, les nouvelles taxes « interstitielles » prévues sur les territoires non urbains au profit des régions risquent, si elles arrivent, d’être captées par les énormes besoins du fer régional. De nouvelles taxes risquent d’être de plus en plus difficiles à faire admettre sans risquer une bronca des employeurs, des populations concernées.

Pendant ce temps, les initiatives de l’auto partage, le co voiturage, les taxis collectifs autorisés ou non, toutes les sortes de mises en commun de l’offre de transport privé connaissent un développement inouï, captant, puis créant leurs clientèles en laissant s’exprimer de nouveaux besoins. Les villes, les départements, les régions s’y impliquent en allant même, au-delà des simples plans de déplacements, jusqu’à mettre en place des sites d‘échange !

Ces initiatives sont dans l’air du temps, elles proposent toutes des solutions de transports basées sur la mutualisation des ressources privées par l’Internet, les smartphones la géolocalisation, plus de puissants logiciels des entreprises nouvelles venues en passe de créer des monopoles. Là où des transports périurbains s’épuisent, les flux d’apport des véhicules privés, bénévoles ou payants se multiplient au quotidien dans les gares, les pôles d’emplois, les stations des lignes urbaines, aux bretelles d’autoroutes et à la périphérie des centres urbains. Encore marginal et bouillonnant, ce type de transport n’est qu’un des aspects d’un nouveau monde participatif privé-public dont on voit l’émergence, celle de méga opérateurs et l’existence d’immenses bases de données.

e. transport et transport public sont complémentaires

Deux échelles, deux niveaux de service se dessinent : aux réseaux organisés les axes lourd, les troncs communs où se concentrent les flux, au transport privé mutualisé le « chevelu » des apports locaux. A chaque partenaire son domaine d’excellence. Partenaires ? c’est bien là que se situe la nouveauté. Les collectivités ont pris de l’avance dans l’information, la coordination. Grâce aux terminaux mobiles et autres moyens d’information en ligne, elles maîtrisent les disponibilités, des horaires, l’information sur les incidents d’exploitation. Les « accostages » entre moyens de transport sont garantis, les villes et leurs opérateurs offrent, smartphones aidant, une légitimité à nombre de co voiturages et d’auto partages sur les trajets en train, trams et bus. Gratuitement, alors que les recettes des « pass » et autres titres du transport traditionnel ne couvrent guère plus que le tiers des coûts d’exploitation.

A condition de l’intégrer

Le e.transport fonctionne ! Pour le quart du prix d’un ticket, vous voici co voituré, auto partagé marge de l’opérateur comprise ! il n’est donc pas étonnant qu’ils réagissent, les grands opérateurs ferroviaires et routiers ! Ils multiplient les créations de sites de co voiturage, conscients de cette concurrence qui peut leur être fatale. De leur côté, les collectivités qui face aux nouveaux entrants ont perdu l’initiative, empêtrées qu’elles sont dans leurs problématiques institutionnelles, ne sont pas aussi démunies qu’on peut le croire face aux opérateurs venus du monde de l’Internet. Elles ont l’avantage de maîtriser l’information « en temps réel » ainsi que de nombreuses données sur leurs clients utilisateurs. A elles d’en tirer avantage.

Dans un modèle économique public privé

Nous proposons donc de faire entrer ce nouveau transport dans l’organisation publique, non comme un complément bénévole à la « mobilité courante » mais comme un partenaire. Au lieu de faire bénéficier gratuitement ces transports privés publics des infrastructures, de l’information et des facilites tarifaires, les autorités de transport contractualiseraient le secteur et prélèveraient une rémunération sur les échanges commerciaux. Des procédures d’homologations, un contrôle par les réservations, des accords avec les opérateurs sont envisageables, dans lesquels ceux-ci peuvent trouver un intérêt à pérenniser ainsi des parts de marché. Ne cherche-t-on pas à intégrer d’un coup la taxe de séjour parisienne à la location touristique privée et à faire des centrales de réservation américaines des collecteurs de taxes. Ce qu’elles acceptent !

Établissons des passerelles avec les opérateurs de co voiturage, d’auto partage sans chercher à se mettre à leur place –échec garanti-. Déléguons le « chevelu » des flux d’apport, des trajets isolés de tous les transports inexploitables dans la logique industrielle des opérateurs traditionnels. Avant d’aller, étape suivante, vers la valorisation par les collectivités des données voyageurs, le big data des ressources publicitaires personnalisées, géo localisées des habitudes de vie, matières premières de qualité pour d’autres actions, plus ambitieuses.

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21 juillet 2014 1 21 /07 /juillet /2014 14:06

A nous les vastes paysages ! Filons à la découverte des verts vallons de notre monde des transports. De voyageurs, car de fret (du cargo dit- on) point nous n’en ferons même pas mention. Par charité, il ne faut pas, dit-on tirer sur les ambulances

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous parlerons de deux paysages ferroviaires forts différents. Le financier d’abord, celui de l’autoroute enfin car l’autoroute est dorénavant ferroviaire.

Des péages

D’abord le paysage financier. Celui des péages ferroviaires, dus par l’exploitant à lui-même, puis à un tiers alter ego, RFF, ils ont d’abord été inexistants ou très bas. Cela a permis au TGV de devenir le must ferroviaire de nos régions. Beaucoup de politique, de lignes, de liaisons, de gares et des milliers de train ultra moderne trottinant gentiment dans les campagnes. Faibles péages, faibles provisions pour entretien et renouvellement, qu’à cela ne tienne, trains neufs sur voies neuves, les régions paieront pour les TER, l’Etat pour les intercités, et vogue la galère.

Oui mais. Une fois (presque) terminées les querelles de cour d’école entre SNCF et RFF, on découvre les gouffres financiers du passé, on appréhende ceux du présent, on redoute ceux de l’avenir.

 

Du passé (sous le tapis), retenons les charges financières des déficits des lignes nouvelles, mais aussi les chantiers (déjà pharaoniques mais discrètement menés) de la rénovation de la première ligne à grande vitesse, celle de 1981. Du passé aussi, et de toujours, les intérêts d’une dette « ping pong » transférée à RFF, peut être revenant de nouveau à la SNCF, jamais apurée. De ces évènements nous oublierons tout, mais attendons-nous à de nouvelles querelles dans le déjà bien connu ménage à quatre, Bruxelles, Etat, opérateurs, régions…

 

Du présent, retenons la baisse des fréquentations, celle des recettes assommées par les hausses tarifaires, les coûts des remises à niveau dans l’urgence –donc à grands frais- de pans entier des réseaux « secondaires » saturés, dangereux, que l’on voulait candidement attribuer aux régions. Les règlements de comptes entre les autorités de tutelle, les opérateurs et les responsables sont dorénavant émaillés d’accidents, quelquefois mortels. Attendons.

 

Du futur enfin. Un gigantesque programme de travaux et de renouvellement des matériels est nécessaire, pour lesquels il va falloir trouver financements et maîtres d’ouvrage. Nous faisons le pari que les régions prendront leur part et au-delà dans le cadre de leurs nouvelles ressources. Gageons aussi que les promesses et les pratiques de l’opérateur, déjà bien disqualifié, ne seront plus de mise.

 

Le paysage ferroviaire du futur est sombre, moins de voyageurs, moins de recettes, moins de ressources et des actions « low cost » d’opérateurs connus qui sont de nouveaux concurrents d’autant plus efficaces qu’il nous est arrivé d’aller sur leurs terres. Plus de fret, des syndicats à cran. Et des Paris Marseille, Toulouse, Biarritz, des transversales comme Biarritz, Bordeaux Lyon moins chers en avion qu’en train.

 

A l’autoroute

Contemplons plutôt les nouveaux paysages ferroviaires, ceux des autoroutes. Des autoroutes ? un opérateur ferroviaire ? oxymore ? Petite explication en deux temps:

1 : occuper le terrain. A la maison, sur les rails, créons les TGV Ouigo. Les tentations low cost aux coûts réduits, donc à partir de gares aux péages moins élevés, Saint Exupéry pour Lyon, Marne la Vallée pour Paris…jusqu’à ce que, les fréquentations aidant, ces péages augmentent. On ne gagne guère, on se forme, on apprend à faire avec des clientèles finalement assez nouvelles.

2 : occuper tout le terrain : les autocars IDbus. Ce n’est pas que l’idée soit géniale, la SNCF ayant été la première à faire du lobbying pour limiter le cabotage des autocars de lignes internationales mais des concurrents étrangers –quelle horreur- se profilent quand même. Va donc pour les cars sur autoroute. On ne gagne rien du tout, on se forme, on existe.

Un matin donc gare de Paris Bercy, au fonds du parking, un car pour Lille et Amsterdam s’échauffe, des voyageurs en retard accourent, on les attend. Le nôtre part à Milan par Lyon et Turin. Départ à l’heure, on s’installe. Pas mal de places vides. Serait-ce cette interdiction de cabotage qui limite le nombre de places disponibles à la vente entre Paris et Lyon ? Que vaut réellement ce positionnement horaire qui fait passer la journée sur la route pour arriver en soirée en Italie avec un prix de billet guère différent de celui d’une place d’avion de Beauvais à Malpensa, par exemple ? Clientèle de sacs à dos et immigrés. Beaucoup de bagages, pas de familles, très peu d’enfants.

Le conducteur fait les annonces, nous serons à Lyon vers 14 h, on fera une pause à l’aire du Chien Blanc, à mi-chemin de Lyon. Le car est moderne, climatisation, WC et accès handicapé, on est très haut et le paysage est bien différent, bien plus intéressant que celui d’un automobiliste. L’Internet par Wifi fonctionne à peu près tout le temps. Liaison 4G me dira-t-on. Nous y voilà, l’autoroute est peu chargée, il fait beau, la route des vacances en quelque sorte. Les zones d’activité s’espacent, bientôt la forêt de Fontainebleau, les longs vallonnements du Gâtinais. Des moissons à perte de vue, quelques camions et des caravanes vite doublés.

Comme en avion, les écrans nous indiquent notre position et réévaluent en permanence les heures d’arrivée. On passe l’aire du Chien Blanc, rien, pas d’arrêt, pas d’annonce, cela commence à s’agiter au fonds du car. Pas d’annonce, pas de réaction. On croise la voie du TGV au point de mi-parcours de la ligne nouvelle, on traverse les contreforts du Morvan et la grande descente vers la plaine de Saône s’accompagne d’une bonne nouvelle. Le conducteur décide l’arrêt à une aire dotée de toutes les conforts que l’on peut attendre d’un voyage en car de luxe.

Nous avons 45 minutes pour nous restaurer (paella à volonté), nous détendre sur les petites plaques de gazon. Juste à côté des semi-remorques bulgares ont tombé les hayons, les réchauds et la bière. Les caravanes qui descendent d’Europe du nord longent notre parking en reprenant le fil de leur voyages, quelques auto stoppeurs gesticulent. Ils ne traîneront pas.

Comme au départ d’un bateau, le klaxon rameute la troupe, le conducteur compte et recompte. Une heure de route et c’est l’arrivée à Lyon. Sorti de l’autoroute sous le centre d’échange du Cours de Verdun le car de n’y engage pas. Surprise. Aurait peu des Eurolines, Alsa et autres ?, il part en fait dans un invraisemblable tour pour s’engager à grand peine, frottant le trottoir, dissuadant les voitures de location en train de se garer, tanguant et cahotant sur les vénérables rampes d’accès à l’antique gare de Perrache, celles que l’on voit chargées de fiacres sur les cartes postales.

Ceci pour venir s’arrêter devant l’ancienne entrée. Le conducteur prend congé, quelques voyageurs pour Turin et Milan chargent leurs bagages.

 

Il est 12 h 40, le voyage a duré 5 heures et dix minutes pour 29 Euros. Bof. Il est vrai qu’un trajet de Paris centre à Lyon centre en IDTGV pour un prix équivalent se fait en quatre heures, temps d’approche compris. A condition d’avoir un abonnement Navigo à Paris et d’éviter Rhône Express à Lyon…

 

 

 

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20 janvier 2014 1 20 /01 /janvier /2014 16:00

Go Airport, go ?


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Lyon ? L'une des agglomérations françaises la plus proche des standards allemands et helvétiques par la qualité et la variété de ses transports publics.

 

Une agglomération qui a souvent été pionnière …  La panoplie de l’offre de transport du Sytral (le syndicat local des transports) et de la région est complète. Des vélos en location aux voitures électriques, du métro aux tramways, des trolleybus à haut niveau de service aux sites propres, des points d’échange sophistiqués aux gares nouvelles.


Tout y est, y compris l’aéroport international, Saint Exupéry, tout beau avec son terminal low cost, et sa gare TGV. Pas trop loin, à 25 kilomètres.

 

Mais, malgré la puissance économique de la région, cet aéroport n’est utilisé que par moins de 10 millions de passagers par an, loin derrière Nice. Avec  beaucoup de passagers régionaux, de passagers des low costs qui traversent l'Europe pour 30 ou 40 € et peu de passagers long-courriers malgré  depuis un an un vol quasi quotidien vers Dubaï en passagers et cargo.

 

Les causes de cette situation sont bien connues. La politique de hub d’Air France à Roissy en premier lieu, mais aussi la proximité de l’aéroport de Genève. Bien relié par l’autoroute et des TER efficaces, cet aéroport offre une palette de vols internationaux à des conditions souvent plus attractives que Roissy et son RER B.


Rhône express

Il fallait réagir, améliorer les liaisons Lyon aéroport.

 

Ce fut le tram Rhône Express, une demi-heure entre la Part Dieu à l’aéroport. Cette liaison nouvelle a pu être mise en service en 2010 dans des délais record grâce à l'utilisation de l’infrastructure  d’une ancienne ligne de chemin de fer d’intérêt local, et par  une concession PPP (un partenariat public privé).

 

On tirera un voile sur les péripéties politico médiatiques (et aussi judiciaires) qui ont entouré sa naissance, en attendant de voir  de nouveau ce tram à la une de la presse locale quand il s'agira de raccorder, puis de mettre en service la desserte d’OL Land, le stade des Lumières, le  grand stade local. Mais chaque chose en son temps.


Bien né, le service est efficace, avec des temps de transport presque garantis par le contrat de concession (la cohabitation avec le tram ne va pas sans difficultés). Il est apprécié des voyageurs pour sa qualité, le professionnalisme de ses agents anglophones.

 

Oui, mais:


-  Le terminus « Saint Exupéry » est situé tout au bout de la gare TGV, à 400 mètres au moins des terminaux, 7 minutes à pied sur des « travelators », comme à Roissy vers le 2E !


-  Le trajet coûte 15 € (un peu moins si l’on réserve par Internet) soit près du double des anciens trajets en bus qui subissaient quelquefois des retards dans les encombrements mais qui en allant finalement aussi vite desservaient d’autres gares  et le métro à Mermoz pour ceux qui voulaient sauter les embouteillages de l’entrée dans Lyon.


Le prix, voilà donc où le bât blesse, les billets sont chers, chers pour la distance, chers par comparaison avec le prix des transports lyonnais, chers surtout par rapport aux prix des billets. Comment accepter de payer 15 euros pour aller prendre un avion avec un billet à 30 euros ou des TGV Ouigo (de plus en plus plébiscités) à 15 ou 20 euros ?


Comment ne pas imaginer un service public de transport à un prix raisonnable, comme celui des taxis Elit-voyages dont les tarifs commencent à 8 euros ?


Comment ne pas imaginer un service  reconnu comme un service public complémentaire de Rhône express, autorisé à « toucher » l’aéroport au plus près des terminaux, disposant de ses points d’arrêt, signalé au même titre que les cars Satobus qui vont vers les autres métropoles régionales.


Comment ne pas imaginer  l’installation par l’aéroport d’une plateforme dédiée aux autres transports, VTC (véhicules de tourisme avec chauffeur), les minibus à la demande, le car sharing, les covoiturages, les navettes privées d’hôtels, de parkings. Tout ce qui se fait de plus en plus souvent comme les « Go Airports » des aéroports américains.

 

Tout ce qui va devenir de plus en plus nécessaire maintenant que les concessionnaires de transport public développent les transports à la demande, les VTC, les covoiturages, maintenant que les grands loueurs se lancent dans l’auto partage.


Go Airport


C’est ainsi qu’est né le « Go Airport » lyonnais en décembre 2013. Un trajet de 10 minutes à heures fixes entre le terminus du tramway et l’aéroport. Un billet à 7,5 euros sur réservation, des minibus tous neufs.


C’était sans compter avec la résistance des institutions. Celles-ci sont engagées financièrement dans le contrat de concession du tram Rhôn express et l’apparition de nouveaux acteurs concurrents fait peur.

 

Au point d'inciter à bloquer tout ce qui peut l’être, de refuser l’accès direct à l’aérogare comme en disposent les « vrais » transports publics, d’interdire tout affichage. Résultat ? Des pantalonnades dont la presse s’est abondamment fait l’écho, et un Go Airport qui part de la station de tramway Meyzieu ZI à la condition que rien ne le signale,  pour arriver incognito à la dépose minute du terminal 1.


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Incognito, tout comme les taxis marrons qui tournent autour des grandes gares, des aéroports. Heureusement que grâce à des chauffeurs aimables, à un service impeccable, au bouche à oreille des habitués, la fréquentation des minibus. augmente.

 

Qu’en penser ?


Que le monopole actuel d’un transport cher est condamné à disparaître, condamné par les initiatives individuelles et collectives qui ne manqueront pas de se multiplier, condamné par les acteurs du transport eux-mêmes, les compagnies aériennes low cost, Ouigo, qui mettront en avant les budgets transport de leurs clients.

 

Ce monopole est condamné à être secoué dans les remous qui ne manqueront pas d’agiter le monde politique local quand les usagers feront entendre leurs voix, quand Rhône express s’arrêtera pour travaux, quand le Sytral sera appelé à tendre une main (des rames) secourable(s) au concessionnaire., quand la reprise de la concession deviendra politiquement envisageable, comme cela l'a été pour d’autres projets locaux d'infrastructures, en leur temps.


Ce monopole est condamné à disparaître quand, malgré toutes ses préventions, l’aéroport Lyon Exupéry sera contraint à accueillir, à signaler les transports non conventionnels. 

 

Quand l’aéroport sera tenu d’informer les voyageurs sur les divers moyens de transport, leurs horaires, leurs conditions de réservation, leurs prix, comme tant d’autres plateformes à l’étranger. Comme à Chicago, par exemple, où le terme « Go Airport » désigne toute la palette des transports publics, une dizaine de systèmes, à la disposition des voyageurs dans le cadre de concessions aéroportuaires.

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20 septembre 2013 5 20 /09 /septembre /2013 14:57

 

LE PARCOURS CLIENT, LE LIVRE

 

Le bonheur ! un peu de promotion.Parcours-client-couv-red.jpg


Sur ma table les premiers exemplaires du nouveau livre, le parcours client dans les transports urbains et régionaux…toujours aux éditions Celse après « les transports et la ville » (en collaboration avec Daniel Godard, Celse  épuisé), « la relation client dans les transports publics » (Celse éditions 2009), « le parcours client dans les transports aériens et ferroviaires » (disponible sur le site www.eres-ingetrans .eu), voici « le parcours client dans les transports collectifs urbains et régionaux ».


 

Le point de départ ?,

L’observation des changements dans le monde du transport public.

On peut observer (le détail et les évolutions dans le livre)  plusieurs tendances


- L’appauvrissement général, des collectivités comme des clients, d’où la généralisation des initiatives « low cost », les mutualisations, la fraude,


-    Le développement  des nouvelles technologies qui doivent permettre le « un seul billet », puis le « sans billet ». Au prix de quelles prouesses techniques quand il s’agit de coordonner des billettiques fermées pour aller vers le fameux « sans couture » des parcours rêvés !


-   La découverte que le client transports, ses déplacements, ses comportements d’achat, vont devenir une source de profit pour les grands de l’Internet et que, les données correspondantes pourraient être sources de profit pour les organisateurs,


-          Etc.


Ensuite ?


On observe aussi, et ce n’est pas pour nous réjouir, l’étroitesse des territoires d’action des organisateurs, la multiplication des niveaux de responsabilité, quand il ne s’agit pas des blocages institutionnels, qui  pénalisent et coûtent cher.


On passe en regardant un peu de côté –il ne faut pas choquer- quand se profilent à l’horizon un transporteur historique et ses contraintes, elles aussi historiques, une gouvernance nationale  heu…comment dire… perfectible quand il s’agit du ferroviaire, de la voiture, des taxis, des autoroutiers, quand tout bouge.


Quand les initiatives dans les transports « individuels collectifs », quand les songthaews, gua guas, touk touks, taxis collectifs, co voiturages divers et VTC  commencent à s’imposer localement. Tout comme ils l’ont fait dans la ceinture des 30 30 (les latitudes).


Des propositions ?


Outre le bon sens, nos propositions portent sur le vécu des déplacements, de l’information et du suivi des déplacements morcelés, forcément morcelés entre organisateurs, opérateurs par-dessus des frontières territoriales. Sur la recherche de ce qui devra constituer un contrat de transport et, bien entendu, sur le vécu de notre voyageur quand tout se dégrade, sur le vécu de nos autorités organisatrices, de leurs opérateurs,  quand les réseaux sociaux se déchaînent…


Bref, ne pas déplorer, mais ne pas donner dans l’optimisme de commande, et essayer de faire passer un message tout simple : regarder comment font les autres, accompagner les initiatives locales avant d’être obligé de les avaliser dans la précipitation et l’incohérence.


Mais nous vous laissons le soin de le découvrir.Parcours client couv 4 red

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24 août 2013 6 24 /08 /août /2013 15:08
Ouigo Ouigares ?

Les nouveaux TGV Ouigo sont d’après Guillaume Pepy, cité par Olivier Razemon, journaliste au Monde, destinés  « non aux habitants de la capitale qui disposent déjà d’une offre importante. mais à ceux qui vivent en périphérie". En effet, si la SNCF
a calculé que si  83% des Français avaient déjà pris le TGV au cours de leur vie." seulement 25% montent au moins une fois dans un TGV chaque année".L1070424.jpg

 

Marne la Vallée, deux Ouigo à l'embarquement

 

Le bouquet TGV

Après iDTGV et ses 30 destinations, créé en 2004, indépendant, réintégré en 2005 à la SNCF sous la pression syndicale, après iDNight abandonné en 2011, après les Prems’s, voici Ouigo qui, avec IDBus, cherche à renouveler l’offre de la SNCF. Ce n’est pas une nouvelle filiale de la grande maison qui en compte déjà, au moins, 657 mais une filiale de iDTGV. Grande différence !

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L’analyse de Stéphane Lauer (Le Monde), semble pertinente, qui voit dans cette nouvelle initiative la recherche par la SNCF d’un nouveau modèle pour ses trafics à longue distance, et en particulier sur l’axe Paris Lyon Méditerranée, la « vache à lait » immémoriale du train en France.

Chaque nouvelle initiative commerciale dans le low cost garde une particularité. Ce sont les ambiances (quoique) pour iDTGV, les services limités aux vacances scolaires et aux weekends pour Prem’s, les nouveaux aménagements et de nouvelles tarifications pour Ouigo.Tandis que les iDTGV ne sont que des rames affectées qui voyagent avec d’autres rames « normales », tandis que Prem’s ne sont qu’une catégorie tarifaire de plus, Ouigo va plus loin avec des rames bleu layette au-dedans comme au dehors, plus de bar, plus de liseuses souvent en panne à réparer, plus de corbeilles aux places, plus de bagages gratuits.  


Et peu de gares desservies, très, très peu de gares centrales.


C’est à une étrange compétition interne à la SNCF que nous assistons.Chaque initiative « low cost », sur le rail comme sur la route (IDbus) propose en effet des tarifs vers 20 € avec des prix d’appel encore inférieurs, des restrictions diverses, dont des remboursements riquiqui en cas de retards, des pratiques tarifaires différentes (un vrai yield management en particulier sur iDTGV) et des « ancillaries» gadgets comme des suppléments étranges pour connaître le quai de départ par SMS, des pénalités si l’on n’a pas imprimé son billet, présenter un billet sur écran suffirait-il ?.

Le mirage du low cost

Cette course des compagnies historiques derrière les  low costs n’est pas nouvelle. Qu’il s’agisse d’Air France avec Hop, de Lufthansa avec GermanWings, de BEA avec Vueling, de la SNCF avec son  bouquet de TGV , c'est toujours d’une recherche de la rentabilité, non pas en diminuant drastiquement les coûts, ce dont les grandes compagnies sont assez peu capables, mais en recherchant de nouvelles recettes. Ils sont incantatoires ces taux de remplissage « canons »  annoncés reposant sur la découverte de gisements inexplorés de clientèle, sur une théorique élasticité de la demande à l’offre.

 

Incantatoire, dans notre Ouigo, cette idée que de nouvelles gares draineront de nouvelles clientèles. Quelques discussions avec les voyageurs montrent que c’est bien plus de transferts de voyageurs des TGV « normaux », trop chers, qu’il s’agit, que de ces déplacements d’impulsion comme les fameux week end à Bruxelles, à Marseille des publicités. On constate aussi que si Marne la Vallée présente l’intérêt d’être sur la diamétrale du RER A, Lyon Saint Exupéry n’est que sur le tram train Rhône Express dont le billet coûte de 11 à 15 Euros, soit l’équivalent d'un ou de la moitié d’un billet Ouigo. Force est de constater que les contingents de voyageurs y sont bien maigres…


Les diminutions de coûts reposent en fait sur plus de rotations des trains, des péages, des accords salariés renégociés, des tolérances techniques accrues (aïe).En dehors des frais de collecte, déjà largement diminués sur l’ensemble de l’entreprise grâce à l’Internet, on ne peut attendre beaucoup d’économies d'exploitation dans la mesure où les gares et leur gestion continuent à peser, dans les comptes, dans la mesure où les syndicats qui deviennent tatillons sur la sécurité veillent aux statuts des personnels et se méfient des externalisations.


Fraude, contrôles et accès aux trains

Il semblerait qu’à côté de ces problèmes structurels de coûts et de recettes, l’un des obstacles  au bon fonctionnement de la formule soit la maîtrise des embarquements. Dans leur conception actuelle (cela évolue) les gares ferroviaires sont des passoires. Pas de filtres voyageurs, de multiples accès à quai, des besoins en personnels considérables pour un contrôle tout relatif des voyageurs montants. Ah les départs des Marseille Aix en Provence, des Marseille Toulon, les cavalcades des groupes qui sautent les voies, sprintent au bout des quais et bernent la Suge !


Dans notre Ouigo, il est demandé de se présenter trente minutes à l’avance, de présenter carte d’identité et billet à un poste de contrôle, comme dans les portions de quais iDTGV, mais dans la gare elle-même. Bref du moderne, presque de l’aérien.

 

L1070430-copie-1.jpgMarne la Vallée, comment passer de l'attente au quai

 

Oui mais les gares ?

Le problème du contingentement-contrôle des voyageurs n’est pas nouveau. La gare du Nord a pu installer une « gare bis » Schengen pour Thalys et Eurostar, Lille Europe a bricolé un espace contingenté, Marne la Vallée des filets autour de ses escaliers. Si un espace d’attente Ouigo y a été aménagé, il est bien insuffisant devant la foule qui respecte l'étrange initiative imposée des trente minutes d’attente. Un TGV moyennement rempli, c’est 400 personnes à entasser pendant une demi-heure sur une cinquantaine de sièges. Si comme cela arrive il faut accueillir les quelques centaines de voyageurs d’un Ouigo annulé la veille (il n’y a pas beaucoup de TGV bleu layette en réserve), c’est à une pagaille noire que nous assistons. Plus aucun contrôle d’accès, pas de contrôle des bagages supposés donner lieu à supplément, snafu !


L’architecture des gares donc. Mais il y a aussi l’illogique superposition des annonces (légèrement contradictoires) du personnel de la gare et des malheureux agents Ouigo avec leurs mégaphones. Aux annonces formatées de la gare s’ajoutent les annonces improvisées, maladroites, répétitives d’un personnel Ouigo visiblement mal préparé. En anglais ? mais non mais non.

 

Dans un prochain épisode, nous vous raconterons les embarquements à Marseille Saint Charles, Montpellier, Valence et autres gares...

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31 mai 2013 5 31 /05 /mai /2013 16:04

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Une tarification compliquée

La SNCF a de longue date pris quelques libertés avec la tarification kilométrique dégressive imposée par l’Etat : une tarification kilométrique sur la base de laquelle sont déterminées les participations de la collectivité au titre des tarifs sociaux. Les justifications n’ont pas manqué ; outre la mise en service des lignes à grande vitesse souvent plus directes pour le même trajet, il y a eu le « faire moderne » des tarifs croissants au fur et à mesure que la date du voyage s’approche, un « yield management » qui n’en est pas tout à fait un dans la mesure où les contingents de places par catégories sont fixes. Cette pratique permet de maximiser les revenus d’une ligne en dépassant allègrement les tarifs de base avec des variations pratiquement du simple au double (Paris Lyon), de + 89 % (Paris Marseille) des prix « loisirs » suivant la date d’achat.

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Autres facteurs d’augmentations, les surcharg  es pour les « chassé croisés » où il existe de réelles limites de capacité et, comme le souligne la lettre Mobilicités, les court s parcours comme l’emblématique Paris Lille pour lequel quelques aménagements cosmétiques ont été trouvés entre madame la maire et son ancien directeur de cabinet. Dernière invention enfin, les tarifs « pros » qui donnent plus de souplesse dans les réservations au prix des tarifs loisirs de dernière minute.

 

Une tarification « opaque » (les syndicats)

Connaître les parts de marché des classes tarifaires, déterminer dans la recette globale la part des tarifs bon marchés, le Prem’s, Ouigo  qui font oublier les bizarres IDTGV couplés aux TGV  normaux,  revient à percer un secret commercial. Il n’est pas exclu que les annonces de tarifs pas chers  aient, en particulier comme objectif de noyer les conséquences réelles des annonces des hausses auprès des tutelles.

 

Et ce n’est pas fini

Les hausses des péages ferroviaires en cours, seul moyen pour le fer de limiter son endettement, ne pourront que se traduire par des hausse annuelles moyennes bien supérieures à l’inflation…Comme les tarifs TER sont dans le collimateur des régions à qui on ne la fait plus, il va bien falloir que notre opérateur tire encore un peu plus sur la corde. Avec le danger réel d’une baisse de son taux de remplissage moyen qui n’est déjà pas si brillant, merci le co voiturage et les autocars.

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L’avion n’est pas cher !

Oublions les partages de codes entre compagnies aériennes et les TGV, les TGV Air. On est gare de Lyon. Les nouveaux panneaux publicitaires déroulants du hall 2 répètent le même message : l’avion n’est pas cher ! Par la magie des « à partir de », le transporteur national se pose en concurrent du fer.

 

Quelle merveille, quels effets bénéfiques de la concurrence sur le pouvoir d’achat du voyageur ! Ne soyons pas dupes, les tarifs d’appel, réservés aux achats à long terme et hors périodes spéciales ne sont là que pour être comparés aux « Prem’s ». La réalité des prix de l’avion se situe quand même au-dessus de ces tarifs mais souvent en dessous du prix du train. Etrange cette concurrence entre une compagnie aérienne quasi monopolistique qui perd de l’argent, et une compagnie ferroviaire elle aussi monopolistique qui n’en gagne guère, et qui en perdrait énormément si l’on déconsolidait ses comptes de ceux de ses filiales routières !.

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3 février 2013 7 03 /02 /février /2013 11:28

 

Le parcours client

Michel Gallet met en ligne une étude réalisée en 2012. Cet ouvrage a pour titre: « le parcours client dans les transports aériens et ferroviaires.

 

Le point de départ de l’ouvrage : le constat des crises

 

Les perturbations d’exploitation pour ne pas dire les crises sont de plus en plus fréquentes.

Les causes profondes : des conditions d’exploitation tendues, des infrastructures (ferroviaires) moins bien entretenues, des ras le bol fréquents des personnels.

Les causes occasionnelles : la multiplication de l’information met sur la place publique les mécontentements, comme les ex

cuses des PDG, les réseaux sociaux font caisse de résonnance.

Les conséquences : tout devient crise, les distinctions entre les incidents traités localement et les catastrophes médiatiques à l’échelle d

’un pays ne jouent pas seulement sur l’importance des évènements mais aussi sur la façon dont il est repris par les médias.

 

 

Couverture

Mais aussi : les nouvelles pratiques des entreprises

Le « recovery »

Ceci se passe surtout  dans l’aérien, mais arrive dans le ferroviaire par les réseaux transnationaux qui concurrencent le transport aérien. Comment donner satisfaction au voyageur dont le voyage initial a été interrompu, annulé, retardé ? Outre assurer la prestation de base du transport, comment compenser les déclassements, pertes de temps, des bagages ?

Les recettes annexes

Les entreprises recherchent de nouveaux profits en dehors de la tarification des parcours proprement dite, en proposant des prestations supplémentaires, les « amenities ». Là encore l’aérien , l’aérien low cost a montré la voie. Il s’agit des services facturables en plus du billet comme les bagages (aie !) les menus, les prestations au sol comme les salons et, nouveauté, l’IFE, l’Internet à bord. Les produits de ces facturations sont en train de dépasser les marges initiales des compagnies.


Le bouche à oreille, le seul vecteur ?

Toutes sortes de nouveautés que nous analysons et détaillons. Et ue nous mettons en perspective dans le cadre de l’évolution de la relation client, vers un service sans failles, un parcours client exemplaire, une satisfaction au maximum.  Et un retour du client accompagné de ses amis auprès desquels il aura fait votre publicité.

 

Mettant en avant l’impact des nouvelles technologies, des moyens de communication et des réseaux sociaux, l’ouvrage précise les modes d’action et les nouveaux moyen à mettre en œuvre pour assurer la « conformité du contrat client » dans les cas de perturbations, de crises. Très documenté, cet ouvrage constitue la suite d’un premier manuel « la relation client dans les transports », du même auteur, paru aux éditions Celse en 2009.cise les modes d’action et les nouveaux moyens à mettre en œuvre pour assurer la « conformité du contrat client » dans les cas de perturbations, de crises. Très documenté, cet ouvrage constitue la suite d’un premier manuel « la relation client dans les transports », du même auteur, paru aux éditions Celse en 2009.

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« Le parcours client dans les transports aériens et ferroviaires » est en vente à ERES www.eres-ingetrans.eu   50 € HT.

 

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1 août 2012 3 01 /08 /août /2012 17:27

 

La première impression est toujours la bonne, surtout quand elle est mauvaise.


C’est au départ de Los Angeles, le vol AF 065, un A 380 d’Air France. Pont supérieur en classe affaires, embarquement sans histoire après scanner et « pat down » des TSA boys. Le Patriot Act et ses conséquences sur notre dignité, on s’y habitue. Bien installé, chacun prend ses aises, ajuste les nombreux réglages électriques, dépose ses petits objets dans les recoins qu’offrent les imposants sièges extensibles.


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Cela fait maintenant un quart d’heure que l’heure de départ est passée. L’appareil n’a pas bougé, pas d’informations, pas de vidéo, pas de rafraîchissements. En business à l’aller, en 777, a peine assis, c’était le champagne.


Le temps passe


1°/ Un voyageur, une tête connue de la musique, s’étonne de n’avoir pas trouvé de journaux ; ni dans la passerelle, ni en cabine. La chef explique : « nous ne mettons pas de journaux pour éviter que des voyageurs qui empruntent la passerelle avant du pont supérieur ne les emportent ! » Diable. Le voyageur s’énerve et réclame l’Équipe. La chef va en chercher un exemplaire. Le temps passe.


2°/ Une demie heure après l’heure de départ. L’avion n’a toujours pas bougé, pas de rafraîchissements pas de vidéo, ni de journaux, la classe business s’impatiente, des passagers en correspondance, essoufflés d’avoir couru se précipitent vers le fonds de la cabine et l’escalier intérieur, vers la classe voyageur.


3°/ Le ridicule : après l’annonce en français des causes du retard subi (correspondances en retard) et du retard à subir (report d’un « slot » de décollage) le commandant se lance dans la version anglaise. On est charitable, on ne critiquera ni l’anglais ni l’accent, mais on est surpris par le début de l’annonce ;

 

« Your Commander speaking » Diable, le commandant de bord « Captain » est devenu Commander, The Commander, il est maintenant le Claire Blake de la série Police Criminelle de Londres, un super policier…

 

Peut être était-ce « Your Commodore speaking » Dans ce cas, c’est évident, notre commandant ne peut être que « Air Commodore », un air d’officier supérieur, un grade porté par Churchill en grand uniforme à la conférence de Téhéran, un titre hon oraire pour le prince Charles…


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Le souffle mermozien de cette annonce a fait lever quelques sourcils parmi les voyageurs qui écoutent  et que rien n’occupe sauf attendre. Mais toujours pas de rafraîchissements ni de journaux.

 

4°/ Une heure s’est écoulée en attentes diverses, nous venons de quitter la piste, le personnel de cabine apparaît et s’active. Les 54 passagers de la cabine « haute contribution » de la classe affaires situés en aval de la passerelle ont attendu une heure sans le réconfort d’un verre, d’un journal, d’une parole du personnel. Je ne sais comment ont été traités les 26 autres « business » de la pointe avant du pont supérieur. Peut être ont-ils été chouchoutés comme dans n’importe quelle compagnie orientale, allemande, anglaise…

 

Quelles conclusions pour la Relation Client Transport ?

 

En premier lieu la relation client est avant tout l’affaire des personnels.

 

Dans cet épisode de départ retardé, l’on pouvait très nettement discerner dans le comportement du personnel commercial la volonté de limiter au strict minimum ses relations avec les voyageurs. Préférer se cacher quand l’irritation d’une attente non justifiée agite les passagers, donner, quand la question est clairement posée, des explications aussi peu crédibles que le passage des autres voyageurs pour ne pas distribuer de journaux, que prétendre attendre le décollage pour ne pas faire la tournée des rafraîchissements. Par-dessus tout, faire des passagers inoccupés les auditeurs forcés de l’annonce prétentieuse et ridicule d’un commander, d’un commodore, mais certainement pas d’un capitaine.


Pour terminer ce triste état des lieux, précisons tout de même que, l’A 380 ne « passe » pas par le terminal habituel d’Air France à Los Angeles. Il est donc possible que la passerelle supérieure avant soit la seule accessible dans les fins d’embarquement et que le passage des retardataires justifie le décalage du service…pourquoi alors ne pas l’annoncer avec simplicité, un sourire ?

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26 avril 2012 4 26 /04 /avril /2012 16:08

 

L'eau et les centres commerciaux  

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Comme le dit Christian Dubois, directeur général du cabinet-conseil Cushman & Wakefield, dans les Echos, la baisse du chiffre d’affaires des centres (-2% en 2011) n’est pas le résultat d’une baisse de la fréquentation»,. « Les centres commerciaux vont servir de plus en plus de vitrines et une partie du chiffre d'affaires s'évadera vers l'e-com mer ce». Une distinction a faire cependant entre ceux des périphéries urbaines et les centre commerciaux plus urbains. Aux  périphéries les hypermarchés aux  galeries marchandes alibis au milieu d’un océan de places de parking. Ils subissent de plein fouet les hausses du coût des déplacements et les changements, profonds, des habitudes d’achat au profit des « drive » par exemple. Aux autres centres commerciaux, plus urbains, les magasins de luxe, les espaces de restauration et les services.

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A ces fréquentations ludiques, a ces c lient èles plus jeunes, loin de l’image du « pousse caddy » qu’offrir pour se déplacer ? On oublie la voiture, le deux roues, où les garer ?, Métro et bus, quelquefois le tramway, c’est bien mais comment aller jusqu’au bout en faisant débuter la fête bien avant de franchir les portes du centre commercial flambant neuf censé personnaliser la nouvelle culture urbaine celle qui est faite de découvertes et de rencontres, de musique et de lumières.

 

C’est là qu’a innové Icade le promoteur du Millenium d’Aubervilliers en mettant sur le canal Saint Denis quatre bateaux électriques, électro solaires, qui transportent chaque jour 1500 salariés de son siège et de la zone de bureaux dans le bruissement de souple soie de l’eau qui s’ouvre et des canards qui mollement s’écartent, partant de Corentin Cariou, le métro.

 

C’est ce qu’a lancé depuis un mois, dans le nouveau quartier lyonnais Confluence, le centre commercial Confluences qui a mis en service le 4 avril dernier sur la Saône un « vaporetto » sans vapeur mais hybride. C’est un bateau qui, diesel sur 3, 3 km, électrique sur les derniers cent mètres dans la nouvelle darse du quartier, descend puis remonte la Saône au départ du Vieux Lyon. Teck et acajou vernis, équipage stylé, et de part et d’autre le  ruban des façades aux tons de roses, perspectives changeantes de la boucle de la rivière. Nous glissons à l’aller avec le courant, refusons du monde à la station Bellecour avant de passer sous le double pont levis de l’entrée de la darse. Vite, on descend et les candidats à la croisière retour prennent leurs places. La capacité du vaporetto, 90 places, est là encore insuffisante et une trentaine de candidats au voyage restent à quai.

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C’est un réel dépaysement pour les passagers qui admirent le paysage, il ne manquent que les commentaires du commandant pour que la promenade se transforme en croisière. Le ticket est à 1,5 €, gratuit au retour si l’on présente un bon d’achat. Tout se passe bien, un instant de vie au fil de l’eau, le bonheur !

 

Quelles conclusions pour la Relation Client Transport ?

En premier lieu la redécouverte des canaux, des rivières et des fleuves comme les futurs axes de la mobilité urbaine. Toutes les villes, les ports développent des transports fluviaux de toutes catégories, qui sont souvent intégrés aux réseaux de transports urbains.


Ensuite la volonté, de plus en plus affirmée de faire fonctionner ces bateaux à l’électricité et au solaire. Quand il faut une grande autonomie et une puissance suffisante pour vaincre le courant, l’hybride avec une propulsion principale au diesel s’impose. Mais quand les parcours sont courts, sans courant, sans vent, avec une possibilité de recharge à chaque terminus, le tout électrique apporte son silence et son confort.


Enfin, le fantastique atout que constitue pour la relation client ce type de transport quand il s’agit de créer l’évènement, de construire l’image d’un équipement, bref de faire du buzz en apportant sa pierre au monde résolument moderne auquel nous participons, n’est il pas ?

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Présentation

  • : Un regard amusé et critique sur la relation client dans les transports
  • : Une relation client nouvelle dans les transports, de l'aérien au routier en passant par le ferroviaire et l'intermodal. Suivi client, proud of, conformité du parcours client, transport aérien, transport ferroviaire, formation personnels nouveautés et facteur humain
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L'auteur

  • Michel Gallet
  • Consultant en transports collectifs de personnes dans un cabinet de conseil spécialisé en services publics de transport aériens routiers, ferroviaires et maritimes.


Un livre "la relation client dans les entreprises de transport" et une métho
  • Consultant en transports collectifs de personnes dans un cabinet de conseil spécialisé en services publics de transport aériens routiers, ferroviaires et maritimes. Un livre "la relation client dans les entreprises de transport" et une métho

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